Comme d’autres bassonistes (Paul Hanson, Marc Trénel, Sophie Bernardo, Émilie Alenda…), j’utilise des micros depuis maintenant quelques années ce qui m’a permis d’élargir ma pratique. Sonoriser son basson permet de pouvoir intégrer plus facilement des projets de musiques actuelles (Ceux qui marchent debout, Sages comme des sauvages, Lo’jo), des ensembles de jazz (Michael Rabinowitz), d’élargir la palette de notre bel instrument dans des projets de musique expérimentale (Dafne Vicente-Sandoval), mais ce n’est pas tout.

Leur utilisation peut également compléter nos méthodes de travail du répertoire classique. Pour ma part, je suis un des innombrables adeptes des Suites pour violoncelle seul de J.S Bach. Bien que toutes ne soient pas adaptées à notre instrument, j’ai beaucoup de plaisir à travailler mes favorites (5, 2, 1, 4) au basson en y ajoutant une reverb : c’est quand même moins encombrant qu’une église ! C’est également très plaisant de pouvoir se dédoubler à l’aide d’une pédale looper. En vous amusant à jouer le répertoire pour ensembles de bassons, du duo aux grands ensembles, vous pourrez vérifier bien souvent que ce n’est pas plus facile de jouer avec soi-même qu’avec les autres. Une de mes utilisations favorite est de commencer par enregistrer la partie de continuo d’une sonate baroque ou les parties d’accompagnements d’un concerto et ensuite de jouer la partie soliste. Pouvoir se dédoubler permet de connaitre parfaitement chacune des parties et ainsi d’affiner son interprétation propre en tenant compte de l’harmonie et de l’orchestration. Cela peut donner l’occasion de vérifier que la réalisation d’un bon continuo n’est pas chose aisée. Cela évite surtout de se contenter d’une vision incomplète de l’œuvre en jouant la partie de soliste sans savoir exactement ce qu’il se passe « en dessous ».